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28/082008.
Jeux Olympique de Pékin
Bonjour à toutes et tous,
Nous voici de retour de Pékin. Enfin déjà depuis quelques jours, mais il me faut encore un peu de temps pour analyser cette semaine Olympique. Je ne sais par où commencer d’ailleurs … Ambiance, course, après-course, il y a tant de choses à dire ou à ne pas dire que je me perds moi-même dans mes réflexions.
Mais je crois que je vais commencer par le début tout simplement en essayant de raccourcir pour ne pas faire un roman. Les personnes qui le souhaitent peuvent passer directement au chapitre « course ».
Dimanche 17 Août, c’est le grand départ avec Cécile. Elle est habillée en civil tandis que je porte la tenue de voyage officielle avec les beaux anneaux Olympiques. On retrouve la famille Absalon et Julien Brugeas son mécano à Paris pour un vol vers Pékin d’environ 10 heures.
Atterrissage sur Beijing et accueil en grande pompe par le staff Olympique Chinois et Français qui ne lésinent pas sur les moyens. On est coaché, assisté et c’est le top. Il nous suffit juste de récupérer les bikes et de faire activer nos accréditations qui nous serviront de passe dans toutes les infrastructures pendant une semaine. C’est le multi passe pour boire et manger à volonté… seul Hic c’est que nous ne sommes pas là en vacances ! Il faudra attendre samedi soir pour dévaliser les buffets si la force est encore là. Il est l’heure de prendre le bus Olympique et je dois quitter ma remplaçante de femme qui va passer la semaine avec madame Absalon. Triste sort de devoir la quitter pour cet événement…
Arrivée au Village Olympique : Grandiose ! Nous entrons dans cette fameuse prison dorée. Des gardes armés tous les 100 mètres, plusieurs postes de contrôle et portiques de sécurité avec 3 rangées de grillage qui encerclent ce petit village de 10 mille athlètes. La sécurité est de mise et c’est impressionnant ! Une fois rentré dans l’enceinte on ne ressent plus cette oppression et la vie commence. Avec Julien on prend possession de notre chambre au 7ème étage d’un bâtiment austère qui ressemble plus à un HLM qu’à un logement sportif. La vue est magnifique et imprenable avec en face de nous un autre building ou est logé le clan Chinois. Quant la France partage son bâtiment avec l’Espagne, la Chine en a besoin de deux… ils sont vraiment nombreux ces Chinois !!! Ce village est une ville dans la ville. Non loin du cube d’eau et du nid d’oiseau où se sont déroulées les plus belles épreuves de ces Jeux nous avons tout à notre disposition et pour la plupart gratuitement. Un service de laverie, un self ouvert 24/24 et des distributeurs de boissons à volonté dans tous les coins. Il y a aussi un service de poste, un supermarché, une piscine et des infrastructures d’entraînement plus un service de bus pour se déplacer dans le village. C’est tout simplement impressionnant mais ce qui reste encore plus impressionnant c’est de pouvoir côtoyer et manger avec des stars comme Ronaldino, Nadal et tous ces médaillés qui ont pris possession du village pour finir cette olympiade sous le signe des vacances…
1ère reco : Après une décontraction musculaire sur route le lundi nous voici sur le circuit de Laoschan où vont se dérouler les épreuves de Piste BMX et VTT. Ce site est à 45 min du village Olympique et nous partons avec le service de bus mis à dispo pour les athlètes. Nous sommes escortés par la police sur la ligne Olympique réservée aux véhicules accrédités pour gagner du temps en cas de bouchon. Mais des bouchons à Pékin il n’y en a pas (enfin plus) car les gens n’ont plus le droit d’utiliser leurs voitures. L’avantage est indéniable puisque nous ne ressentons plus la pollution comme l’année passée. Le seul hic c’est que notre bus roule à 45 km/h sur un périf vide et que l’on a l’impression de faire marche arrière… sécurité, sécurité ! Nous voici en place, les vélos montés par nos deux mécano, Julien et Marc qui ne chôment pas puisque nous avons (les pilotes) entre 2 et 3 vélos chacun sur le site. Il est 15 heures pour ces premières reco et le thermomètre affiche déjà… beaucoup trop ! Mais le pire reste l’humidité qui recouvre notre peau et empêche notre corps de respirer correctement. Heureusement le staff France a prévu depuis un moment de nous faire porter les gilets de froid avant et après l’effort pour limiter les dégâts. Cela s’appelle le pré-cooling.
Le circuit : Il fait toujours 4 km et a toujours autant de montées raides que l’année dernière mis à part une montée et une descente en plus rajoutée en fin de boucle. L’UCI à bien travaillé sur le circuit et les Chinois ont compris comment faire pousser des cailloux et des souches d’arbres ! Il a été aménagé avec brio pour qu’il se rapproche au maximum d’un circuit de vrai « vélo de montagne ». Si nous avons eu la critique facile l’année dernière au test-events en découvrant le circuit, je dois dire que l’UCI mérite d’être félicitée pour avoir su adapter ce tracé afin qu’il mérite l’appellation Olympique.
Mon Lapierre Spéciale édition par Manu, Baptiste et tous les hommes de l’ombre de Dijon : Un pur sang… Un Pro Race de 9 kilos full carbone avec transmission intégrale Shimano. Le cadre 2009 a été retravaillé pour gagner en rigidité latérale tout en gagnant 200 précieux grammes avec un boîtier de pédalier intégré dans le cadre. Visserie titane et alu, selle Fisi’k full carbone et poste de pilotage avec un cintre plat de 56 cm sans embouts de guidon pour gagner en comportement DH et en relance dans les épingles. Une suspension FOX de 100 mm avec commande de blocage au guidon et dual control shimano. Voila comment concilier performance et sécurité pour seulement 9 kilos. Merci les gars….. Côté watts dans les guiboles merci Hubert F. !
Semaine en accéléré : La semaine s’est résumée aux reconnaissances, à la récup et aux bons massages de Philipe et Sam, aux conférences de presses et a une journée de repos total en compagnie de ma chère et tendre. Il n’est pas facile de graviter dans ce monde rose bonbon et de trouver ses repères lorsque l’on ne connaît pas l’ambiance Olympique. Il y a de bonnes choses et aussi des mauvaises. On m’avait tant parlé des valeurs de l’olympisme que j’en avais oublié que la quête de la médaille pouvait aux yeux de certains être détournée à des fins financières économiques et politiques. Beaucoup de personnes qui gravitent autour de nous ne sont pas là pour faire du sport mais pour profiter du sport et il m’est arrivé de me poser beaucoup de questions pendant cette semaine. J’ai pu profiter de ma femme brièvement en dehors du village et seulement en dehors et je pense que cela devait être difficile pour elle d’être spectatrice. Voir passer de l’autre côté du grillage des athlètes qui pour les 2 tiers finissent derrière elle en coupe du monde j’imagine ! Vivre toute une saison ensemble la même passion et se retrouver séparer le temps d’une Olympiade est certainement la chose la plus difficile que j’ai eu a vivre. Enfin il y a pire quand même…
La course des femmes : Que dire ??? Ah si ! Ma femme est certainement championne Olympique du commentaire puisqu’elle a assisté Jean René Godart pour le direct de la course VTT femmes. Si c’est certainement un rêve de pouvoir commenter une course Olympique sur une chaîne nationale je pense que la courir aurait eu une saveur incomparable. De mon côté j’ai assisté en direct TV du village Olympique à cette course mais j’aurai mieux fait de m’abstenir. Voir la randonnée Olympique du Jubilé de Laurence Leboucher ne m’a pas enthousiasmé… Elle annonçait une médaille et elle se prend quasiment un tour soit 16 minutes sans avoir eu d’ennuis techniques mis à part le circuit qui l’était certainement trop à son goût. Je ne reviendrais pas sur la sélection chez les femmes mais pendant la semaine passée au village les entraîneurs Espagnols, Italiens et Polonais m’ont demandé pourquoi je n’étais pas avec Cécile et j’ai du leur expliquer à chaque fois les raisons ce qui m’a fait monter la mayonnaise… Sport et politique un grand débat !!! Si l’on regarde la plupart des autres nations, leur tactique de sélection était rationnelle. Remplir les quotas pour avoir le maximum de coureurs était le premier point, puis sélectionner une compétitrice d’expérience + une compétitrice au devenir prometteur pour qu’elle apprenne et performe sur la prochaine Olympiade. Encore une fois c’est toujours plus facile à dire qu’à faire mais si l’on regarde les nations représentées à l’avant de la course. L’Allemagne avait Spitz et la jeune Morath, la Suisse avait l’expérience de Pétra et la fougue de Shneiter, la Norvège avec Dahle et la jeune Byberg etc… Pour les nations qui ne pouvaient emmener qu’une seule compétitrice on retrouve Hurikova 22 ans pour la Tchéquie, Joseph 26 ans de la Nouvelle Zélande, Osl 23 ans pour l’Autriche ou encore Lechner 23 ans pour l’Italie. Je vous laisse méditer sur la tactique de sélection Française…
Mis à part cette mauvaise sensation en moi comme si l’on nous avait menti et trompé pendant des mois j’en ai profité pour voir le bonheur sur les visages des trois premières de ces jeux Olympiques. Le sport reste le sport et je suis toujours aussi passionné de la performance. Ça laisse rêveur et ça donne envie de ramener une médaille la prochaine fois…
La course des Hommes : Départ 15 heures sous un soleil de plomb je n’ai jamais autant ressenti l’envie de partir comme si cela faisait des mois que je me trouvais dans les starting bloc. Les poignées serrées et le regard sur le premier virage je suis à l’affût du coup de pistolet. Ça y est le départ est lancé et c’est avec un grand soulagement que je m’élance enfin pour ces 8 tours de circuit de 4 kil. La tactique est simple rester placé en début de course pour ne pas subir les à-coups et finir fort afin de reprendre les coureurs suicidaires partis trop vite. Sur le papier cela semble facile mais en vrai c’est une toute autre histoire. Je me trouve enfermé dans le premier virage et il est difficile de se frayer un chemin dans ce premier tour ou tout le monde veut se montrer. Pas d’inquiétudes je continue sur ma lancée et essaye de lisser mes efforts au maximum. C’est la stratégie de concentration, boire régulièrement s’arroser et ne pas faire d’erreurs techniquement. Le scénario est bien rodé mais le physique à ses limites… Après 45 minutes de course je bouillonne et je suis obligé d’ouvrir en grand mon maillot. Le corps est en surchauffe et je serais prêt à tuer pour un bain d’eau glacé. Heureusement il est déjà 16 heures et le soleil commence à descendre. J’entre alors dans mon deuxième souffle et commence à retrouver des sensations de vitesse. Il ne reste plus que deux tours et comme prévu je rattrape les premiers kamikazes de la journée, le polonais Galinski, le Belge Paulissen puis le Suédois Kessiakof ou encore l’Espagnol Hermida. Tous sont partis trop vites et en font les frais. Au moment de doubler l’Anglais Bekinsgale je sens mon pneu arrière se dérober dans les virages. Un gros manque de pression ! Je suis quasiment à plat et le liquide préventif dans le pneu n’arrive pas à boucher le trou. Je dois faire au plus vite pour rejoindre le poste d’assistance, il me reste 1 kilomètres. Les coureurs que je venais de doubler me repassent et je suis maintenant sur la jante p… ! Encore une crevaison de plus dans la série noire. Je garde mon sang froid et me fait changer la roue par Marc au poste d’assistance. Il ne me reste plus qu’un tour pour limiter la casse, je redouble Kessiakof et le Sud Africain Stander Burry pour venir mourir à la 14ième place juste derrière Galinski. Passé la ligne un GRAND moment de solitude s’empare de moi. Quatre ans viennent de s’écrouler et je peux rentrer seul au village Olympique comme si j’étais le vilain petit canard de l’équipe de France. Cela fait partie de la magie des jeux, il faut une médaille pour exister ! Heureusement Cécile a réussi à finter la sécurité et m’accompagne au village Olympique.
Si mes collègues Absalon et Peraud ont réussi à réaliser un doublé mémorable dans l’histoire du VTT (C’est énorme et je les en félicite une fois de plus), je suis dégoûté de ne pas avoir pu rentrer dans ce top 8 de finaliste qui était à ma portée. Hermida termine au sprint avec Nijs pour la neuvième alors qu’à deux tours de l’arrivée je l’avais déposé... On ne va pas refaire la course mais c’est d’autant plus frustrant que depuis deux années mes pneumatiques semblent avoir du mal à résister à mon pilotage ?!?!
Une expérience Olympique qui en appelle une autre : Je ne m’attendais pas à ça pour cette première Olympiade et je comprends tout à fait la nécessité de faire ses gammes pour être à 100% le jour J même si l’on a déjà beaucoup d’expérience en Championnat du monde. Ne pas sortir de son objectif même si la presse et les médias vous talonnent. Ne pas changer ses habitudes, ce qui était difficile puisque ma femme n’était pas avec moi d’autant plus que certaines personnes ne comprennent pas que l’on puisse aimer et performer, enfin tout un tas de facteurs à corriger pour l’avenir… Si aujourd’hui la déception de cette place me ronge, je sais et nous savons qu’il nous reste encore quatre ans pour prendre du plaisir, performer et se concentrer pour la prochaine Olympiade. De toute façon on parle déjà Anglais à la maison et ce soir c’est pudding party....
Prochaine course la finale de coupe de France Samedi 6 et dimanche 7 Septembre à Chamonix. A bientôt pour les news de cette fin de saison. Cédric Résultats :
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